Témoignage du comédien Mehdi Djaadi

Mehdi Djaadi, un comédien talentueux et drôle, qui a trouvé son public dans Coming-out © Stéphane Kerrad - KB studios.

Converti de l’islam au christianisme, le comédien Mehdi Djaadi triomphe en 2022 dans sa pièce Coming Out, au théâtre Tristan Bernard (Paris VIIIe), un one man show où il vient interroger nos façons de vivre ensemble et avec Dieu. De l’athéisme, du militantisme idéologique en passant par le judaïsme, l’islam, le christianisme, etc. chacun peut retrouver dans les personnages qu’il incarne tour à tour ses petits travers, ses quêtes et ses angoisses. Mehdi a accepté de nous dire en quoi l’itinéraire et la figure de Charles de Foucauld lui parle.

« Charles nous pousse à nous demander : quelle est la place de Dieu dans ma vie ? »

On parle très souvent de la vie de patachon de Charles de Foucauld mais beaucoup moins du moment situé juste avant sa confession. Alors qu’il avait déjà quitté cette vie, il a ressenti le désir de partir vers un ailleurs.
Partir, c’est ce que le Seigneur nous demande, comme on le voit à travers les grandes figures de la Bible : Abraham quitte sa terre ; Moïse quitte l’Égypte ; le père de Jésus, Joseph, quitte sa ville natale aussi.
Comme eux, à ce moment-là, Charles quitte “son monde” sans trop savoir où il va, pour aller à la rencontre de l’autre et de lui-même. C’est alors qu’il effectue des voyages au Maroc et découvre une autre culture, ainsi que l’islam. Très touché par cette religion,
il ne va pourtant pas au bout de la démarche car il sent qu’il lui manque encore quelque chose.
Cette période de sa vie me parle très spécialement. Moi-même, j’étais très bien dans l’islam.
Cette religion m’a beaucoup apporté, mais, comme à Charles de Foucauld, il me manquait quelque chose.

Rencontre
Lorsqu’il arrive à Paris, habité par cette quête intérieure, il entre à l’église Saint-Augustin. Ce qui me touche à ce moment précis, c’est l’autorité du prêtre qu’il rencontre. Charles de Foucauld souhaite qu’il lui parle de Dieu et l’abbé Huvelin lui dit de se confesser. Mais ce n’est pas une autorité de contrainte, qui entrave sa liberté. Bien au contraire.

Lorsque je suis passé du protestantisme au catholicisme, ce moment de sa vie m’a aidé à comprendre la beauté des sacrements, et notamment le sacrement de la réconciliation. Quand je me confesse, je ne viens pas d’abord déposer mes péchés devant Dieu mais surtout me plonger dans ses bras afin de me sentir aimé davantage, pour à mon tour l’aimer davantage et tenter d’éviter de lui faire de la peine.
Ce que Charles de Foucauld a vécu dans la confession, je l’ai moi-même expérimenté la première fois où j’ai ressenti la présence d’amour de Dieu. Une présence qui vous embrasse, vous enveloppe, vous étreint…

[…]

Confiance en l’Esprit Saint
Pour nous, les chrétiens issus de l’islam, Charles est à la fois un bel exemple de sainteté et d’amour de Dieu ; de plus il nous renvoie à quelque chose de familier : sa façon de s’habiller, sa vie dans le désert… Tout dans cette période de sa vie nous évoque notre histoire, même lorsque nous avons toujours vécu et grandi en France.
Il nous enseigne à tous à vivre là où nous sommes dans une grande confiance en l’Esprit Saint. Aujourd’hui, nous sommes une minorité chrétienne dans un pays qui ne l’est plus. Mais peut-être que notre vie portera des fruits que l’on n’imagine pas, à l’image de Charles de Foucauld qui était seul dans un pays musulman et animiste. Gardons humblement la fidélité à Dieu, à la rencontre, à l’annonce. Les fruits ne nous appartiennent pas.

Propos recueillis par Laurence de Louvencourt

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