Paroisses. Redécouvrir les sacrements de l’initiation chrétienne.

Une relation personnelle avec Dieu
Le 28 octobre dernier, lors de la messe de clôture du Synode des évêques, à Rome, sur la Nouvelle Evangélisation, le pape a souligné trois lignes pastorales qui ont émergé au cours du synode. Le premier axe de travail porte sur les sacrements de l’initiation chrétienne : Baptême, Confirmation et Eucharistie.
Pourquoi ces 3 sacrements sont-ils importants ? Car c’est par eux que l’on devient chrétien, quelqu’un avec qui Dieu a fait une Nouvelle Alliance. Les prophètes avaient annoncé cette Nouvelle Alliance, par laquelle chacun entrera personnellement en relation avec Dieu : Dieu pardonnera les péchés, Il écrira sa Loi au fond des cœurs, tous connaîtront Dieu, tous les peuples seront unis en un seul peuple, le Peuple de Dieu (cf. Jr 31, 29-30 ; Ez 36, 25-29).
Cette Nouvelle Alliance a été réalisée par le sacrifice du Christ en Croix, d’où sont nés ces sacrements. On retrouve donc ces caractéristiques de la Nouvelle Alliance dans chacun de ces sacrements.
Par le baptême, célébré pour le pardon des péchés, le Christ vient sceller cette Nouvelle Alliance en son sang avec chaque personne. Ce sceau qu’il imprime en nous, c’est l’Esprit Saint, Loi d’amour gravée en nos cœurs. Par la Confirmation, l’Esprit Saint fortifie notre volonté pour faire le bien. Il affermit l’homme intérieur pour qu’il puisse vivre cette Alliance personnelle et communautaire, et en témoigner par ses actes et ses paroles dans le monde. L’Eucharistie est le sacrement de l’Alliance par excellence : « cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang » (1 Co 11, 25).
Par ces sacrements, nous entrons dans une relation personnelle d’amour réciproque avec Dieu, connu comme Père, Fils et Esprit Saint. Par eux, nous devenons membre du Peuple de Dieu, l’Eglise, qui rassemble tous les peuples.
Préparer des personnes aux trois sacrements de l’initiation, c’est les introduire dans cette Alliance avec Dieu. Pour cela, elles ont besoin du témoignage de chrétiens qui vivent vraiment leur baptême, d’une catéchèse, et d’être accueillies dans une communauté prie pour elles et les soutienne.
L’Alliance, c’est un mariage avec Dieu. Cela suppose un temps de maturation. L’Eglise a la mission d’opérer un discernement avant de célébrer le mariage : l’épouse est-elle prête, consciente, libre et vraiment décidée ? Sinon, il faut attendre. Ce n’est pas grave : elle est déjà fiancée. Comprenez : les catéchumènes sont déjà membres de l’Eglise rien ne sert de se bousculer. En pays de mission, l’Eglise leur demande parfois 10 ans de maturation.

« L’exigence d’accompagner la préparation au Baptême, à la Confirmation et à l’Eucharistie avec une catéchèse appropriée a été réaffirmée [par le synode sur la Nouvelle Evangélisation] »

(Benoît XVI, 28 octobre 2012)

Cinq grands repères sur ce que l’Esprit Saint opère dans les cœurs :

1. L’entrée dans l’Alliance est une décision personnelle : elle s’exprime clairement comme un grand désir de suivre le Christ. Cela se traduit par le choix de participer à des rencontres avec d’autres et des initiatives libres de foi et d’amour.

2. Dans l’Alliance nouvelle, l’Esprit fait connaître Dieu en introduisant la personne dans une relation d’amitié personnelle avec le Christ Jésus. Cela se traduit par une reconnaissance de sa présence, par une vie de prière régulière, signe de cette Alliance naissante, par la capacité de parler de la personne de Jésus, de « ce qu’il me dit », de « ce qu’il fait pour moi », en particulier dans la Parole de Dieu proclamée et dans l’Eucharistie célébrée.

3. Cette Alliance dans laquelle la personne est introduite par l’Esprit Saint ouvre à une connaissance intérieure des mystères de Dieu. Cela se traduit par le goût pour la catéchèse, un appétit à lire des textes des saints et des pasteurs, une certaine compréhension  du Credo. La personne devient capable de parler de Dieu, du Père, de Jésus et de l’Esprit Saint, jusqu’à professer en vérité la foi trinitaire de l’Église dans laquelle toute personne est baptisée.

4. C’est dans le Peuple de Dieu, l’Église, que Dieu fait Alliance avec chacun. On vérifiera donc que la personne fait l’expérience de la vie en Église. On aidera donc la personne à être en relation forte avec d’autres chrétiens, si possible en participant à un petit groupe. De plus elle est accompagnée par un parrain ou une marraine qui joue un rôle effectif.

5. Entrer dans l’amitié avec Jésus suppose de vouloir  faire ce qu’il demande : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande » (Jn 15, 14). C’est la une dimension morale de l’Alliance. Il ne s’agit pas de demander aux catéchumènes la sainteté dans tous les comportements, mais le désir de faire la volonté de Dieu, de mettre en pratique ses commandements et la conscience des conversions à vivre. Comme baptisée, la personne devra pouvoir dire en vérité « que ta volonté soit faite ». Cet aspect du cheminement des personnes, dans le contexte actuel, est plus délicat et plus difficile à vivre que les autres. Il découle de la relation vraie au Christ.

Ce sont là des axes pour la préparation des sacrements et aussi des critères de discernement très précis pour vérifier qu’une personne en âge de raison est prête à recevoir le baptême, la confirmation ou la première communion eucharistique. Si un des critères n’est pas rempli, c’est le signe qu’elle n’est pas encore prête. Cela vaut pour tous les âges : de 7 à 77 ans !

Père Eric JACQUINET


Eric Jacquinet est un prêtre du diocèse de Lyon, membre de la Communauté de l’Emmanuel, responsable de la section jeunes du Conseil Pontifical pour les laïcs.
Il a cosigné Frappez et l’on vous ouvrira (Editions de l’Emmanuel, 2011)
Son blog:  http://eric.jacquinet.over-blog.com/

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