Synode. Interview du Cal Schönborn « Un réveil missionnaire ? J’y crois ! »

C’est un petit événement au cœur de ce synode. L’archevêque de Vienne (Autriche), le cardinal Schönborn, est passé de la réflexion à la pratique en se joignant à une évangélisation de rue vendredi 19 octobre. L’initiative, menée par un groupe de paroissiens italiens, de membres de la communauté de l’Emmanuel et de jeunes de l’ESM (Ecole d’évangélisation de l’Emmanuel), a été un moment particulièrement fort vécu par tous – cardinal en tête – comme une « véritable joie ».
Par Claire Villemain, à Rome.

Après un temps d’enseignement et de témoignage personnel, où l’archevêque de Vienne a insisté sur l’idée que « nous ne pouvons pas annoncer le Christ si nous n’avons pas fait l’expérience de son amour », et que « lorsque nous avons fait cette expérience, il est impossible de nous taire », tous sont sortis dans la rue. Sur le Campo dei Fiori, lieu phare de la vie étudiante, ils ont prié Marie avec le cardinal, bougies à la main. Les contacts furent très nombreux, comme l’atteste Jean-Baptiste, un jeune séminariste de l’Emmanuel : « J’ai rencontré des Islandais : nous avons parlé et prié un Notre-Père ensemble, c’était très beau. »
 
 
A l’issue de cette soirée très marquante, le cardinal Christoph Schönborn, dans la voiture qui le ramenait à son lieu de résidence romaine au cœur du Vatican, a bien voulu répondre à nos questions. Il nous parle du travail des Pères et de son espérance pour l’Eglise.
Beaucoup de participants à ce synode insistent sur la nécessité de se convertir avant d’entrer dans une démarche d’évangélisation. Ne croyez-vous pas que ce n’est pas en se mettant d’abord en mission que l’on est nous-mêmes évangélisés ?
Tout à fait. Je crois que si on attend d’être convertis, on n’évangélisera jamais ! La conversion est un chemin de toute la vie. A la fois, sans une première rencontre personnelle avec le Christ, je ne crois pas que l’on puisse évangéliser. Sans cet événement, on viendra « d’en-haut » et nous ne pourrons pas comprendre et écouter nos contemporains. Jésus a lavé les pieds des apôtres : cela doit être notre attitude pour l’évangélisation.
Vous êtes membres de la Commission pour le message. Pensez-vous que, malgré les très nombreuses réalités évoquées lors des différentes interventions, vous parviendrez à rédiger un message qui parlera à tous ?
Un message ne peut jamais parler à tous, et ce message, aussi important soit-il, n’est pas le cœur d’un synode. C’est vrai, un message de fin de synode peut avoir un vrai impact. Mais selon moi, la chose la plus marquante c’est que 250 évêques du monde entier aient pris conscience de l’urgence de l’évangélisation. Voilà quelque chose de fort, c’est-ce pas !
Quelles sont vos attentes pour l’Eglise d’Autriche ?
Dans beaucoup de diocèses de mon pays, comme celui de Vienne ou de Salzbourg, il y a déjà un vrai élan de mission. La communauté de l’Emmanuel n’y est pas étrangère… Elle avait pris une part importante dans la mission citadine de Vienne, et elle est toujours très engagée dans la mission que nous vivons et que nous ne cessons d’approfondir avec les assemblées diocésaines. Cet événement de 2003 nous a engagé dans un processus missionnaire.
L’Année de la foi va-t-elle permettre d’approfondir cet élan ?
Je l’espère. Cela est une question de vie ou de mort car il y a une hémorragie de la pratique religieuse. S’il n’y a pas un véritable réveil missionnaire chez nous, alors les perspectives sont très inquiétantes. Mais j’y crois !

Abonnez-vous à Il est vivant !