Un temps nouveau pour l’Eglise: méditation du père Raniero Cantalamessa

Un capucin prêchant le vendredi saint devant le pape François… C’était vendredi dernier, à la basilique Saint-Pierre (Rome), pendant l’office de la Passion. Une vision qui bouscule de l’Église et de l’évangélisation… Merci père Raniero Cantalamessa ! (extraits)
Nous devons faire en sorte que que le message puisse sortir de l’Église libre et joyeux comme lorsqu’il a commencé sa course. Nous savons quels sont les empêchements qui peuvent retenir le messager: les murs diviseurs, à commencer par ceux qui séparent les différentes églises chrétiennes entre elles, l’excès de bureaucratie, les restes d’apparats, lois et controverses passées, devenus désormais de simples détritus.
Dans l’Apocalypse, Jésus dit qu’il se tient à la porte et frappe (Ap 3,20). Parfois, comme l’a souligné notre Pape François, il ne frappe pas pour entrer, mais frappe de l’intérieur pour sortir. Sortir à la «banlieue existentielle du péché, de la souffrance, de l’injustice, de l’ignorance et de l’indifférence religieuse, de la pensée et de toutes les formes de misère. »
C’est comme avec certains vieux édifices. Au fil des siècles, pour s’adapter aux exigences du moment, ceux-ci sont remplis de cloisons, d’escaliers, de salles et petites salles. Le moment arrive quand l’on s’aperçoit que toutes ces adaptations ne répondent plus aux exigences actuelles, qu’elles sont même un obstacle, et il faut alors avoir le courage d’abattre tout cela, et de ramener l’édifice à la simplicité et à la linéarité de ses origines. C’est la mission que reçut un jour un homme qui priait devant le crucifix de Saint Damien : « Va, François, et répare ma maison ».
« Qui peut-être à mesure de cette tâche ? », se demandait atterré l’Apôtre Paul devant le devoir surhumain d’être « la bonne odeur du Christ » dans le monde; et voici sa réponse qui vaut encore aujourd’hui: « Ce n’est pas que de nous-mêmes nous soyons capables de revendiquer quoi que ce soit comme venant de nous; non, notre capacité vient de Dieu, qui nous a rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, l’Esprit vivifie » (2 Co 2, 16; 3, 5-6).
Puisse l’Esprit Saint, en ce moment où s’ouvre pour l’Église un temps nouveau, plein de promesses et d’espérance, réveiller chez les hommes, qui sont à la fenêtre, l’attente du message et chez les messagers la volonté de le leur faire parvenir, au prix même de leur vie.
et sur l’évangélisation…
… L’évangélisation a une origine mystique; c’est un don qui vient de la croix du Christ, de ce côté transpercé, ouvert, de ce sang et de cette eau. L’amour du Christ, comme l’amour trinitaire dont il est la manifestation historique, est « diffusivum sui », tend à se répandre et à atteindre toutes les créatures, « spécialement celles qui ont le plus besoin de sa miséricorde ». L’évangélisation chrétienne n’est pas « conquête », n’est pas « propagande » ; c’est un don de Dieu au monde en son Fils Jésus. C’est donner à la Tête la joie de sentir la vie s’écouler de son cœur vers son corps, jusqu’à en vivifier ses membres les plus lointains.

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