Attirance homosexuelle: accompagner les personnes

© William Perugini Shutterstock
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Extraits du dossier d’Ilestvivant! mars-avril 2015.
Pour se procurer ce numéro : www.librairie-emmanuel.fr
Accueillir les personnes ayant une attirance homosexuelle telles qu’elles sont, les accompagner à la suite du Christ : le défi est d’envergure pour l’Église et les chrétiens ! Outre-Atlantique, depuis 40 ans, un chemin a été ouvert par prêtres et laïcs.
Le témoignage d’Andy Comiskey
“La tentation est encore là mais grâce à Dieu, elle se fait moins pressante.”
Depuis 34 ans, Andrew Comiskey, ancien pasteur protestant, propose un soutien aux églises pour mettre en place des programmes destinés aux personnes qui souffrent des blessures relationnelles et sexuelles.
Mon enfance a été marquée par des difficultés relationnelles avec mon père et mes deux frères aînés. J’étais tout ce qu’ils n’étaient pas. Ils étaient grands, gaillards, sportifs et téméraires et moi petit, chétif et plutôt peureux. À côté de mes deux frères, forcément, j’étais la déception inavouée de mon père. Surtout ma différence a fait de moi la tête de Turc de mes frères.
Ce sentiment de différence s’est exacerbé à l’adolescence, quand mes premiers désirs sexuels ont commencé a se faire sentir : une attirance physique pour des hommes.
Petit à petit, cette attirance, de plus en plus assumée, me poussait à me définir comme « gay » et ce critère finissait même par définir ma manière d’entrer en relation avec les autres.
Il a fallu l’annoncer à mes parents. Ce ne fut une surprise ni pour l’un ni pour l’autre et ma mère a accepté ma condition avec une grande douceur. Cependant, ses yeux ne pouvaient cacher la profonde douleur qu’elle ressentait.
Le moment arriva où j’ai dû quitter la maison pour poursuivre mes études supérieures. J’ai intégré UCLA (University of California Los Angeles) et ai emménagé du côté de West Hollywood – le quartier gay de Los Angeles de l’époque.
Je rentrais de temps en temps à la maison où je retrouvais ma famille et notamment mes frères qui avaient beaucoup changé au cours de leurs études. Tous deux se sont convertis. Leur attitude vis-à-vis de moi était tout à fait nouvelle : ils me respectaient, m’aimaient pour qui j’étais et me considéraient.
L’année suivante, lors d’une énième soirée gay avec mes amis de l’époque à Los Angeles, je me suis vu dans un miroir de l’appartement où nous faisions la fête.
Ce vis-à-vis avec moi-même a eu l’effet d’une bombe. Outre mes traits tirés et profondément marqués par ma vie dissolue, faite de fêtes, de drogue, d’alcool et de sexe à gogo, mon regard m’a paru si vide que je me suis dit que je ne pouvais continuer comme ça et j’ai quitté les lieux. Je n’avais qu’une seule certitude : il fallait que je change ma vie. À ce moment-là, j’ai pensé à mes frères qui eux avaient changé de vie en rencontrant Jésus. Au volant de ma voiture, en plein milieu de la nuit, j’errais dans West Hollywood en cherchant un endroit où je pouvais rencontrer Jésus. C’est ce soir-là que j’ai découvert la seule église de West Hollywood de laquelle sortent des fidèles à trois heures du matin…
Je suis entré dans l’église et le pasteur m’a accueilli à bras ouverts, sans juger ma condition et mon état de vie. À travers sa compassion et son amour, j’ai pu découvrir le Christ et grandir dans la foi.
La découverte de l’amour inconditionnel du Christ pour moi fut quelque chose de fondateur. J’étais aimé pour qui j’étais, pas pour ma sexualité, pour mon corps mais aimé pour moi, Andrew. Ce fut un long exercice de reconstruction où j’ai été extrêmement bien accompagné aussi bien par ce pasteur qui m’a accueilli que par un thérapeute.
En 1980, quelque temps après mon arrivée, le pasteur de cette congrégation m’a confié une mission auprès des « blessés de la sexualité ». Cette mission est à l’origine de Desert Streams, le mouvement d’accompagnement que je dirige aujourd’hui.
Cette mission répondait à de vrais besoins : elle a trouvé rapidement un très large écho, bien au-delà de la communauté homosexuelle, car l’époque et le lieu poussaient les personnes, déboussolées, à une forte promiscuité. Et un tel phénomène entraînait un grand nombre de « blessés de la sexualité ».
Cette mission avait été conjointement donnée à une femme, Annette, avec qui je me suis lié d’amitié et d’affection. Tous les deux fortement blessés dans nos passés affectifs, nous avons pu découvrir la complémentarité et la fécondité d’un couple en nous donnant ensemble pour cette mission. L’année suivante, nous nous sommes fiancés, puis mariés.
Aujourd’hui plus de 33 ans plus tard, toujours marié avec Annette et père de 4 enfants adultes, je ne me considère pas « guéri » de mon attirance pour personnes de même sexe. Je préfère donc parler de cicatrisation. En effet, la tentation ne me quitte jamais complètement, mais par la force de la prière et la grâce de Dieu, elle se fait moins pressante avec le temps. Le Seigneur allège mon fardeau et me permet de porter ma croix.
Propos recueillis par Laurence de Louvencourt
Andy Comiskey a fondé «Torrents de Vie » (www.torrentsdevie.fr). en 1980. Depuis, il a formé des laïcs dans plus de 40 pays à diriger des groupes au sein des paroisses. Il a écrit plusieurs livres publiés en plusieurs langues. Son apostolat est fondé d’abord sur son propre cheminement à surmonter l’homosexualité et aussi sur son mariage de 34 ans avec sa femme Annette. Ils ont la joie d’avoir élevé 4 enfants. Ordonné pasteur protestant en 1982, il a rejoint l’Église catholique en 2011. Il s’appuie désormais sur la théologie du corps de Jean Paul II, l’intercession de sainte Thérèse de Lisieux et de sainte Faustine.
Entretien avec Andy Comiskey
IEV Quelle est la mission de l’Église auprès des personnes homosexuelles ?
AC Le cri de la personne homosexuelle est un cri de besoin d’amour, et de l’amour du Père. Ce cri ne sera pas comblé par le mariage homosexuel mais par un amour qui correspondra vraiment aux besoins fondamentaux de cette personne. La mission de l’Église est de répondre à cet appel profond d’amour. Il faut aider les personnes à saisir la vraie source de leur douleur. C’est une demande, un cri pour s’accomplir. Ce besoin de plénitude, elles ne pourront le combler par une pratique sexuelle.
J’aimerais que l’Église soit le lieu dans laquelle les personnes qui ont une attirance pour des personnes de même sexe puissent trouver la réponse au besoin fondamental qu’elles expriment par leur homosexualité, le besoin de recevoir l’amour du Père. Ce serait une belle mission.
 
IEV En quoi consiste Courage ?
AC Courage est un groupe de catholiques ayant une attirance pour des personnes de même sexe qui veulent se soutenir pour avancer à la suite du Christ, et notamment à vivre la chasteté (voir page 24).
 
IEV Quelle est la mission de ce groupe ?
AC Avoir un regard et un discours de vérité face à des personnes ayant des attirances pour des personnes de même sexe, c’est une grande tâche pour l’Église dans la cité, aujourd’hui. Ce n’est pas facile de rester fidèle au Dieu d’amour. Bien définir ce que c’est que l’amour, et l’amour de Dieu, à une personne qui a des attirances pour des personnes de même sexe, c’est très difficile aujourd’hui.
L’amour n’est pas de donner à chacun ce qu’il veut. Tous les parents le savent ! C’est aussi vrai pour nous, chrétiens. Nous aimons les personnes quels que soient leurs désirs. Mais nous les aimons mieux quand nous leur donnons ce dont elles ont vraiment besoin plutôt que ce dont elles ont envie.
 
IEV Comment aider les familles concernées par cette question de l’homosexualité de l’un de leurs proches ?
AC J’aimerais les aider à être libres de la honte qu’elles peuvent ressentir vis-à-vis de cela. Cette honte empêche une femme d’aimer son mari concerné, des parents d’aimer leur enfant ayant une attirance homosexuelle. Il s’agit d’accompagner les familles pour qu’elles parviennent à lâcher ce sentiment de culpabilité et cette fausse honte afin qu’elles puissent se dire : «Maintenant qu’on en est là, où voulons-nous aller?» Et qu’elles puissent faire ce cheminement dans un amour véritable. Cela passe par l’accueil des choix des personnes aimées sans forcément aimer ces choix. Il y a une différence entre accueillir et approuver. Souvent, certains choix imposent des distances, mais même avec une certaine distance, rien ne nous empêche d’aimer. Il ne s’agit pas de changer de vision du bien et du mal en fonction des choix de ceux que nous aimons. Par exemple, l’un de mes enfants a eu une « longue relation » avec de la marijuana. Je ne l’ai jamais accepté. Je lui disais : «Je ne pense pas que cela soit la meilleure chose pour toi. Mais je t’aime même si tu es sous son influence. Et je veux plus que cela pour toi!» Maintenant, il m’est reconnaissant d’avoir continué à l’aimer tout en n’étant pas d’accord avec lui. J’avais une vision pour lui. (voir aussi Encourage page 25.)
 
IEV Comment proposer un parcours tel que Courage à un proche alors même que celui-ci n’a pas fait véritablement de coming out?
AC Le seul moyen que je connais dans ce genre de situations, c’est de beaucoup confier la personne à Dieu dans la prière. Si je la considère en souhaitant le meilleur pour elle, le Seigneur donnera et montrera le moment opportun pour lui parler.
Face à une telle situation, personnellement, j’informe simplement la personne que ce mouvement existe. «Pas de pression!» La personne doit se sentir absolument libre.
Propos recueillis par Laurence de Louvencourt
 
POUR ALLER PLUS LOIN
Attirance homosexuelle
Accompagner les personnes
John F. Harvey, o.s.f.s.
Éditions de l’Emmanuel, 2015
© Knights of Columbus Supreme Council, 2007

 
NOUVEAUTÉ!
Un parcours pour les personnes éprouvant une attirance homosexuelle aura lieu pour la première fois l’été prochain à Paray-le-Monial du 15 au 20 août.
Pour tout renseignement sur ce parcours ou sur le groupe Courage qui a vu récemment le jour en France, à Paris et à Toulon, s’adresser à : francecourage@gmail.com. www.couragefrance.blogspot.it
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