Témoignage du mois : Joël Sprung

Chercheur de Dieu. Joël s’est converti au catholicisme il y a dix ans. Blogueur sous le pseudonyme Pneumatis, il a cosigné avec Natalia Trouiller Confessions des nouveaux enfants du siècle.

J’ai grandi dans une famille athée et plutôt anticléricale. Mon père était issu d’une famille juive et ma mère d’une famille catholique par convention. Mes parents assumant parfaitement leurs convictions, je n’ai pas été baptisé étant enfant. J’ai été éduqué dans l’esprit dit des Lumières, avec l’idée que la religion était une invention pour combler quelques déficiences affectives ou intellectuelles.

Vers 18 ans, j’ai commencé à me poser des questions sur le sens de la vie. Curieux de comprendre l’homme et ses mystères, j’ai commencé des études de psychologie. Ce fut aussi l’occasion de m’initier à la philosophie. J’ai alors commencé à me rendre compte, incidemment, que l’existence de Dieu était une idée qui n’avait pas occupé que les esprits les moins performants.

C’est à cette époque que j’ai rencontré celle qui deviendrait ma femme : une catholique pratiquante. On dit que l’amour rend aveugle, mais à moi il a ouvert les yeux. Cette jeune femme se désolait de ne pouvoir répondre à toutes les critiques que je pouvais faire sur la religion, mais la foi lui tenait au corps comme une sève à l’intérieur. Et surtout, cette foi donnait du sens à ce qu’elle était, à la manière dont elle aimait et dont elle voulait être aimée. Je ne pouvais pas la respecter vraiment sans respecter ce qu’il y avait en elle de plus intime.

Intellectuellement, la psychologie m’a vite frustré. Je voulais aller plus loin, comprendre la dimension spirituelle de l’homme. J’ai alors commencé à m’intéresser aux sciences occultes. Avec la foi de mon épouse et mon intérêt pour le monde invisible, j’avais l’impression d’avoir trouvé une forme d’équilibre, jouant sur une complémentarité entre exotérisme1 et ésotérisme. Mais dans mon schéma, beaucoup de choses ne collaient pas. Et la relation à un Dieu transcendant restait un mystère pour moi.

Frappe et on t’ouvrira

Un soir, plutôt que de pratiquer ma méditation, j’ai décidé de prier. Pour voir. Je me suis alors adressé à Dieu le Père. Je ne me souviens même plus de ce que j’ai pu lui dire, tellement cela a été fulgurant. J’ai littéralement explosé. C’était comme une éclosion, une naissance. Je me souviens avoir pleuré pendant des heures, de sanglots lourds. Se mêlaient des regrets d’avoir été si aveugle, et ce soulagement intense de sortir enfin de l’ombre, de naître vraiment au bout de 20 ans.

Il est inutile de dire combien l’accompagnement de ma fiancée, mais aussi de ses parents, a été précieux pour moi, par la suite. J’avais tout à éclaircir, à trier dans ce que je savais, ce que je croyais savoir, ce que j’ignorais. Et à prier encore. Les messes, auxquelles j’accompagnais ma belle, me bouleversaient. Naturellement, je suis allé demander le baptême. Mes proches ont eu beaucoup de peine à comprendre cette nouvelle « lubie ». Mes parents, avec qui j’avais parlé de mes projets de mariage au début de mon catéchuménat, m’ont alors confié ne pas vouloir être présent à la cérémonie religieuse, par conviction et pour ne pas nous faire l’affront d’une hypocrisie.

Mais peu à peu, la foi m’a changé. Elle a contribué à changer ma manière de vivre, d’entrer en relation avec les autres, de les aimer. Pour le dire vulgairement, je suis devenu quelqu’un de beaucoup plus respectueux et respectable. Et par là, c’était un peu de la foi qui devenait respectable. Si bien qu’au bout de trois ans de catéchuménat, mes parents entrèrent à l’Église pour notre mariage, pour la seconde fois de l’année, après être venus assister, émus, à mon baptême.¨    Joël

1. Élément d’une doctrine occulte qui peut être dispensé aux non initiés, enseigné publiquement.

 

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