Conseils missionnaires de Charles de Foucauld

Charles de Foucauld en 1906 à Tamanrasset.

Par Pierre Sourisseau, archiviste de la cause de canonisation depuis plus de 30 ans.

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Dans l’esprit ou sous la plume de Charles de Foucauld, le mot mission n’est pas banal, mais signifiant. Sa formation militaire, les manœuvres auxquelles il a participé, son expérience acquise sous l’uniforme lui ont permis de comprendre et de personnaliser ce qu’est une mission à accomplir, un ordre à exécuter, une œuvre à réaliser coûte que coûte, avec la responsabilité qui en découle…

Converti, contemplant Jésus tant dans sa vie de Nazareth que dans son ministère public, il découvre que Jésus remplit une mission : désigné par son nom même, il est Sauveur et meurt pour aller jusqu’au bout de cette mission, d’une œuvre, qu’il transmet à ceux et celles qui veulent être ses fidèles, ses disciples-missionnaires.
Le 18 juin 1916, Charles de Foucauld explicitait ainsi sa pensée sur la mission de Jésus et la nôtre : « L’œuvre de sa vie terrestre, ce qu’il est venu faire ici-bas, c’est le salut des hommes. Si, comme c’est notre devoir, nous voulons L’imiter, la première chose à faire est de faire du salut des hommes l’œuvre de notre vie, en employant le meilleur de nos forces et de nos efforts, quelle que soit notre condition, pour sauver les âmes… Nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés, c’est faire du salut de toutes les âmes, l’œuvre de notre existence, en donnant au besoin notre sang pour lui, comme Jésus l’a fait. »

Évangéliser son prochain
Face à cette mission et à cette responsabilité, Charles de Foucauld, à partir de la formule biblique « aimer son prochain », distingue deux catégories de prochain, celui qui est proche par les liens familiaux ou le voisinage, et celui qui est plus éloigné. Et ce prochain, proche ou éloigné, est mon frère. En découle un devoir d’immense et d’universelle charité envers tous les hommes, avec une mission d’évangélisation, de « conversion des âmes éloignées de Jésus et spécialement des infidèles ».
Cette mission est présentée par Charles de Foucauld en lien avec la responsabilité des parents envers leurs enfants, avec une idée extensive des responsabilités : de la famille de base, la responsabilité vise ensuite la famille élargie, puis la patrie qui est une grande famille, puis les colonies qui sont une extension de la patrie, sans oublier ces peuples dont les pays chrétiens ne s’occupent pas et qui sont comme les enfants handicapés d’une famille auxquels parents, frères et sœurs apportent une plus grande affection et une attention toute particulière.
Cette sensibilité à ses proches vient de son enfance et de sa jeunesse, où il vit spontanément le contact, la relation avec autrui. Adolescent, il a des amis ; militaire, il est un camarade agréable avec ses collègues et un lieutenant proche de ses soldats, avant de devenir un jeune explorateur qui cherche à découvrir le monde et qui « ose la rencontre » avec l’inconnu…
Il concevra donc l’évangélisation par influence, rayonnement, contagion, imprégnation, avec comme but « d’améliorer les âmes, de les imprégner progressivement du Saint Évangile et les disposer ainsi à le recevoir tout entier ». Jésus à Nazareth rayonnait ainsi l’Évangile autour de lui par ses vertus, et « là où il passait, il faisait le bien » (Actes, 10, 38, souvent cité par Charles de Foucauld). La prédication de l’Évangile au temps des Apôtres et de saint Paul se faisait aussi de cette façon : au niveau des « maisons » et des assemblées de type familial, dans des réunions fraternelles et dans des relations courtes. Le foyer chrétien de Priscille et Aquila chez qui l’Église se réunit (Rom. 16, 5 et I Cor. 16, 19) est une des références préférées de Charles de Foucauld dans ses projets missionnaires.

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Pierre Sourisseau est l’auteur de : La vie de Charles de Foucauld/Charles de Foucauld, 1858-1916, Biographie avec Annexes : Sources, Index des personnes, lieux, sujets traités, Cartes, Éditions Salvator, 2016, 722 pages, 29,90 €. Il a reçu le prix Liautey pour ce livre ; et La spiritualité et les conseils missionnaires de Charles de Foucauld
Les Lumières d’un phare Charles de Foucauld, Éditions Salvator, 2021, 232 pages, 18,80 €.

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