François de Sales : ses conseils à des femmes mariées

"Se remettre à Dieu entre les orages et tempêtes, c’est le propre de ses enfants", saint François de Sales

Sœur Alexandra Diriart évoque ici quelques-unes des lettres du saint destinées à des femmes mariées vivant au cœur du monde. Extraits de l’article paru dans le N°360 d’Il est vivant !

Par Alexandra Diriart, sœur de Saint-Jean

Parmi les nombreuses lettres que saint François de Sales écrit, beaucoup sont adressées à des femmes mariées qu’il accompagne sur le chemin de l’union à Dieu, à travers leur vocation propre, avec exigence et douceur, en les conduisant patiemment, sur un chemin de liberté intérieure qui dilate leur cœur vers l’amour de Dieu et du prochain. Saint François a cette conviction que tous sont appelés à la sainteté, et plus encore que la sainteté est possible pour tous car Dieu donne sa grâce à chacun.

Les textes choisis n’ont pour but que de vous donner envie de lire les autres lettres, et je l’espère, éveiller, à l’aide des paroles de saint François, le désir d’aimer et servir Dieu. Je laisserai surtout parler notre saint.

Aimer sa vocation, ne pas vouloir en changer
Pour saint François de Sales, la sainteté passe par l’amour de sa vocation. Il faut l’aimer parce qu’elle est celle que Dieu nous a donnée, là où il nous a mis, là où il nous veut.
« Il faut que vous soyez ce que vous êtes : mère de famille, puisque vous avez un mari et des enfants, et il le faut être de bon cœur et avec l’amour de Dieu, mais pour l’amour de Dieu, […] sans s’inquiéter ni s’empresser, ou le moins qu’il sera possible. »
Lettre à Madame Guillet de Monthoux, 10 novembre 1616

Être ce que Dieu veut, et l’être bien
« Sachez que Dieu ne veut rien de vous sinon cela, pour maintenant : ne vous amusez donc pas à faire autre chose. Ne semez point vos désirs sur le jardin d’autrui, cultivez seulement bien le vôtre. Ne désirez point de n’être pas ce que vous êtes, mais désirez d’être fort bien ce que vous êtes […] De quoi sert-il de bâtir des châteaux en Espagne, puisqu’il nous faut habiter en France ? » À la présidente Brûlart, Annecy, [juin] 1607.
Il s’agit donc d’aimer selon le goût du Seigneur et d’ordonner sa vie autour de sa volonté.

Programme de la journée
« Vous devez mesurer la longueur de vos prières à la quantité de vos affaires ; et puisqu’il a plu à Notre Seigneur de vous mettre en une sorte de vie en laquelle vous avez perpétuellement des distractions, il faut que vous vous accoutumiez à faire vos oraisons courtes, mais qu’aussi vous vous les rendiez si habituelles, que jamais vous ne les laissiez sans grande nécessité.
Je voudrais que le matin, au lever, vous pliiez les genoux devant Dieu pour l’adorer, faire le signe de la Croix et lui demander sa bénédiction pour toute la journée ; ce qui se peut faire le temps de dire un ou deux Pater noster. Si vous avez la Messe, il suffira qu’avec attention et révérence vous l’écoutiez, ainsi qu’il est marqué dans l’Introduction (Part II, ch 14), en disant votre chapelet. »
À Madame de Travernay, Annecy, 29 septembre 1612

Garder la paix et la douceur dans la multiplicité des affaires
« Je me rappelle que vous me dîtes combien la multiplicité de vos affaires vous chargeait ; et je vous dis que c’était une bonne commodité pour acquérir les vraies et solides vertus. C’est un martyre continuel que celui de la multiplicité des affaires ; car, comme les mouches font plus de peine et d’ennui à ceux qui voyagent en été que ne fait le voyage même, ainsi la diversité et la multitude des affaires fait plus de peine que leur pesanteur même. »
À Madame de la Fléchère, Annecy 19 mai 1608

Ne vous fâchez pas d’être fâchée
« En somme, ne vous fâchez point, ou au moins ne vous troublez point d’avoir été troublée, ne vous ébranlez point d’avoir été ébranlée, ne vous inquiétez point d’avoir été inquiétée par ces passions fâcheuses ; mais reprenez votre cœur et remettez-le doucement entre les mains de Notre Seigneur, le suppliant qu’il le guérisse. »
À la présidente Brûlart, Annecy, septembre 1613

Cette dévotion pleine de douceur doit avoir encore une autre qualité : celle de rendre la dévotion attrayante et aimable aux autres… Et en particulier à son mari !

Le but de la dévotion est la charité
« Vous ne devez pas seulement être dévote et aimer la dévotion, mais vous la devez rendre aimable à chacun. Or, vous la rendrez aimable si vous la rendez utile et agréable. Les malades aimeront votre dévotion s’ils en sont charitablement consolés ; votre famille, si elle vous reconnaît plus soigneuse de son bien, plus douce aux occurrences des affaires, plus aimable à reprendre, et ainsi du reste ; Monsieur votre mari, s’il voit qu’à mesure que votre dévotion croît vous êtes plus cordiale en son endroit et plus suave en l’affection que vous lui portez ; Messieurs vos parents et amis, s’ils reconnaissent en vous plus de franchise, de support, de condescendance à leurs volontés qui ne seront pas contraires à celle de Dieu. Bref, il faut, tant qu’il est possible, rendre notre dévotion attrayante. »

L’abandon des fils de Dieu
Pour conclure, je voudrais vous lire un extrait de lettre, où François invite à l’abandon, qui est finalement le maître mot de toute sa spiritualité.

« Se confier en Dieu au milieu de la douceur et de la paix des prospérités, chacun presque le sait faire ; mais de se remettre à lui entre les orages et tempêtes, c’est le propre de ses enfants ; je dis, se remettre à lui avec un entier abandonnement. Si vous le faites, croyez-moi, ma chère sœur, vous serez tout étonnée de merveille, qu’un jour vous verrez évanouis devant vos yeux tous ces épouvantails qui maintenant vous troublent. Sa divine Majesté attend cela de vous, puisqu’elle vous a tirée à soi pour vous rendre extraordinairement sienne. »
À Madame d’Escrilles, Annecy,
7 janvier 1614

Que craindre puisque nous sommes à Dieu ? Abandonnons-nous à lui !

1. André Ravier, Jeanne-Françoise Frémyot, Baronne de Chantal, sa race et sa grâce, Ateliers Henry Labat, p. 61.

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