Bible : petits exercices d’entraînement à la joie

La joie dans la Bible ? Une joie à notre portée, offerte pour enchanter notre quotidien !

En parcourant la Bible, le lecteur prend conscience que la joie du peuple de Dieu puis des disciples de Jésus renaît toujours après l’échec et les désillusions. Cette joie, elle est aussi à notre portée !

Par Nathalie Cornilleau*

Nous connaissons probablement ce chant dont les paroles sont tirées de la Bible : « Soyons toujours joyeux et prions sans cesse, En toutes choses rendons grâce à Dieu… » (1 Th 5, 16). Tout homme désire la joie. Mais quelle est cette joie qui parcourt aussi bien les livres de l’Ancien que du Nouveau Testament ? Et comment peut-elle alimenter notre vie d’aujourd’hui ?
S’il est impossible d’être exhaustif ici, allons glaner quelques extraits bibliques afin de désirer davantage cette joie que Dieu veut nous donner. Après chaque étape, des questions sont proposées pour aider à faire le point.

La création et les choses simples de la vie
Dans l’Ancien Testament, notamment dans les écrits de sagesse, les joies humaines ont toute leur place. Ainsi pour le Qohelet, rien ne vaut la joie de l’homme avec sa femme : « Savoure la vie avec la femme que tu aimes » (Qo 9, 9). De même, rien n’égale la joie de l’homme devant son ouvrage accompli : « Je ne vois rien de mieux pour l’homme que de jouir de son ouvrage car tel est son lot » (Qo 3, 22). Pour notre auteur l’essentiel de la vie humaine c’est la joie : « J’ai compris qu’il n’y a rien de bon pour les humains, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant leur vie » (Qo 3, 12).
La joie des jeunes époux est un modèle pour parler de la joie de Dieu pour son peuple : « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu » (Is 62, 5).
Pour les sages de la Bible, avoir un cœur joyeux est bon pour la santé : « à cœur joyeux, santé florissante. L’esprit chagrin dessèche jusqu’à l’os » (Pr 17, 22). Pour aller plus loin encore, c’est la création tout entière qui procure de la joie à celui qui la contemple, à Dieu en premier ! De la même manière qu’au premier chapitre de la Genèse, Dieu s’émerveille devant la bonté de la création – « Dieu vit que cela était bon » -, le psalmiste entonne à son tour un chant de louange au Créateur pour la beauté de son œuvre et rend grâce pour ses bienfaits dont le vin qui réjouit le cœur de l’homme ! (cf. Ps 103, 15). La fin de ce même psaume nous révèle que la joie du psalmiste est liée à la joie de Dieu : « Que Dieu se réjouisse en ses œuvres ! Il regarde la terre : elle tremble ; il touche les montagnes : elles brûlent ! Je veux chanter au Seigneur tant que je vis ; je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure. Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur » (Ps 103, 31-34).

Piste 1 : Pour entrer dans cette joie de Dieu
Est-ce que je prends le temps de m’émerveiller devant un beau paysage, est-ce que je sais goûter les joies simples de la vie ?

La joie du salut
Dans la Bible, la joie est liée non seulement à la beauté de la création mais elle est aussi et surtout liée à l’action salvatrice de Dieu. Ainsi les premières mentions de la joie et de l’appel à se réjouir dans l’Ancien Testament se trouvent dans les livres du Lévitique et du Deutéronome, à un moment charnière, juste après qu’Israël soit sorti d’Égypte et juste avant son entrée en Terre Promise. Ces livres établissent le cadre dans lequel pourra se vivre l’Alliance de Dieu avec son peuple, notamment à travers les fêtes et le culte.
Les trois fêtes principales sont Pâques, Pentecôte et la fête des Tentes. À l’origine ce sont des fêtes agricoles dans lesquelles est célébrée la bonté de Dieu pour tous les fruits de la terre (premières récoltes de printemps, premières moissons, dernières récoltes et vendanges) ; un nouveau sens va se greffer au sens initial de ces fêtes, et elles vont devenir des fêtes qui font mémoire de l’œuvre de salut de Dieu pour Israël (sortie d’Égypte, don de la Loi, Dieu qui conduit son peuple dans le désert).
La fête des Tentes qui est la fête de la fin des récoltes et la fête des vendanges est un appel à la joie, non seulement pour les fruits de la terre mais pour l’action de Dieu : « Le premier jour vous prendrez des fruits d’un arbre magnifique, des rameaux de palmier, des branches d’arbres touffus et vous vous réjouirez pendant sept jours en présence de Dieu… Vous habiterez sept jours dans des huttes… afin que toutes vos générations sachent que j’ai fait habiter les fils d’Israël dans des huttes quand je les ai fait sortir du pays d’Égypte » (Lv 23, 40). Le chiffre sept invoque l’idée d’accomplissement, cette fête des Tentes évoque donc une plénitude de joie.
Bien plus tard, lorsque David devient enfin roi, il fait monter l’arche à Jérusalem « au milieu des cris de joie » (2 Sam 6, 12) et se met à danser revêtu d’un simple ephod de lin, ce qui est la tenue d’un prêtre et non d’un roi, dans une liberté telle que sa femme Mikal le méprise (2 S 6, 14-16).
Le récit nous détaille une fête très bruyante, avec des cris, des ovations, du cor, David qui fait abstraction du regard d’autrui, ce qui lui importe c’est de danser devant le Seigneur.
Nous voyons donc que les jours consacrés au Seigneur, le peuple d’Israël est appelé à se réjouir car les fêtes font mémoire de l’action salvatrice de Dieu. La joie devrait être plus forte que la tristesse et l’aveu des infidélités. Ainsi dans le livre de Néhémie, alors que le peuple ne cesse de pleurer en entendant les paroles de la Loi à son retour d’exil, le scribe Esdras les exhorte à avoir la joie de Dieu comme rempart !
« Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! » (Ne 8, 9-10).

Piste 2 : Pour grandir dans la joie

En tant que chrétien, est-ce que je vis les dimanches, les solennités et fêtes liturgiques comme des jours de joie ? Est-ce que je vis ces joies de façon communautaire ?

[…]

La joie de l’Évangile

– La joie du salut annoncée aux pauvres
Cet humble roi, annoncé par Zacharie, c’est Jésus qui apporte la joie du salut aux humbles, aux pauvres et la leur donne par son sacrifice.
L’Évangile de Luc est celui où le climat de joie est lié à la venue du Sauveur. Les premiers mots de l’ange Gabriel à Marie sont un appel à la joie : « Réjouis-toi comblée de grâces » (Lc 1, 28). Jean Baptiste tressaille d’allégresse dans le sein de sa mère (1, 44), Marie exulte de joie car le Seigneur vient sauver les humbles (1, 46-55), les anges annoncent aux bergers la grande joie de la naissance du Sauveur (2, 11).

– La joie du pardon
Dans l’Évangile de Luc, la joie est liée aussi à l’œuvre de salut et de pardon accomplie par Jésus. Considérons les paraboles de la brebis et de la drachme perdues et retrouvées, ainsi que la parabole du fils perdu (Luc 15).
Dans la première parabole, l’homme qui a perdu sa brebis, met tout en œuvre pour la retrouver en laissant les quatre-vingt-dix-neuf autres, et lorsqu’il l’a retrouvée, invite tous ses amis et voisins à se réjouir avec lui (Lc 15, 6). De même la femme qui a perdu sa drachme et qui la retrouve, invite ses amies et voisines à cette même réjouissance (15, 9). Le père de la parabole du fils prodigue fait dresser un festin en l’honneur de son fils qui est revenu. Le point commun de ces paraboles est donc de savoir se réjouir et de faire la fête pour avoir retrouvé ceux qui étaient perdus. Et telle est la joie de Dieu ! « C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion » (15, 7).

Piste 4 : Comment est-ce que j’accueille le pardon de Dieu ? Suis-je vraiment convaincu(e) que je fais la joie de Dieu en allant me réconcilier avec lui ?

– La joie et la croix
Dans l’Évangile de Jean, la veille de sa passion lors du dernier repas avec ses disciples, Jésus au moment d’offrir sa vie livre, pour ainsi dire, son testament à ses disciples (Jn 14 – 17). Alors qu’il sait qu’il va mourir, et que ses disciples vont très certainement l’abandonner, Jésus leur promet sa joie. « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jn 15, 11).
Si on regarde les versets qui précèdent, on comprend que Jésus nous indique que, pour recevoir cette joie parfaite qui est la sienne, il suffit de demeurer en Dieu et de garder ses commandements, à savoir : nous aimer les uns les autres comme lui-même nous a aimés.
« Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions. Amen, amen, je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite » (Jn 16, 22-24).
Dans Jean, la joie dont parle Jésus est liée à sa résurrection à venir, une joie que personne ne peut enlever malgré les tribulations à venir : « Dans le monde vous aurez à souffrir mais gardez courage, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Quelle est ici cette joie parfaite ? Demander au nom de Jésus, faire confiance, croire que Dieu donne. La joie parfaite n’est pas seulement liée à la résurrection de Jésus qui pourrait sembler rester extérieure à notre vie, mais elle est le fruit de la certitude que Jésus continue d’œuvrer après sa mort et sa résurrection.

[…]

Pour conclure avec le chant cité en introduction « Soyons toujours joyeux et prions sans cesse, en toutes choses rendons grâce à Dieu », il est bien de lire les versets qui suivent : « C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ. N’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5, 16-17). Dieu nous appelle à la joie, à rendre grâce en toutes circonstances et, si nous ne voulons pas éteindre le feu de l’Esprit, ne sommes-nous pas appelés à faire l’acte de foi de choisir la joie même quand cela coûte ? Et alors elle nous sera donnée d’En-Haut.

Piste 6 : Faire mémoire des moments d’effusion de l’Esprit Saint que j’ai pu vivre, des moments de joie profonde que j’ai pu recevoir, et rendre grâce !

*Nathalie Cornilleau est titulaire d’une licence canonique en théologie, Elle a été enseignante en Écriture Sainte
au parcours Formation des responsables (Collège des Bernardins, Paris) entre 2019 et 2023. Elle est membre de la Communauté de l’Emmanuel.

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